Un art ancien
Le nô est introduit par Kan'ami Kiyotsugu et son fils Zeami Motokiyo à la cour de l’empereur Ashikaga Yoshimitsu à Kyôto à l’époque Muromachi. Cet art scénique qui intègre chant, musique et danse est alors une synthèse des arts de son époque. Tout en héritant de l’art des numéros variés de Chine, Kan’ami et son fils intègrent les arts raffinés de la cour et des temples. Quand le pouvoir passe au shôgun, il sera considéré comme cérémonial et son répertoire sera fixé selon des règles rigides. Pratiqué par cinq familles qui en détiennent officiellement le savoir, il est considéré comme Art par excellence. Bien que menacé de disparition lors de la modernisation de Meiji, il connaît un brillant renouveau, consacré par la construction du Théâtre National de Nô en 1989 et par sa reconnaissance comme patrimoine immatériel de l’humanité en 2008.
La scène de bois
La scène, constituée d’un plateau carré délimité par quatre piliers est prolongée par un pont de bois qui permet l’entrée des acteurs. Le fond de la scène comporte la représentation d’un pin, en référence au pin sacré devant lequel les acteurs de nô jouaient à Nara au Moyen-Âge. Trois pins de taille croissante sont également plantés le long du pont de scène. L’ensemble de la scène est couvert d’un toit de tuiles.
Les acteurs
Les acteurs sont principalement au nombre de deux : un acteur-danseur masqué appelé shite et son adjoint, dépourvu de masque, appelé waki. Tous deux dialoguent et chantent dans une diction tantôt parlée, tantôt psalmodiée, tantôt chantée. Ils sont parfois flanqués de compagnons nommés tsure ou de figurants muets nommés tomo. Ajoutons un acteur spécifique, l’acteur de kyôgen, qui intervient entre les deux parties de la pièce. Ils portent des vêtements de soie brodée de style ancien représentant une époque lointaine. Le shite, qui porte un éventail, évolue sur scène où il réalise des figures de danses en appui au récit et, en dialogue avec le waki, exécute des gestes symboliques : pleurs, supplication, prière.
L'orchestre et les chanteurs
Au fond de la scène, quatre musiciens sont assis à vue : un joueur de flûte (nôkan), un joueur de petit tambourin (kotsuzumi), un joueur de gros tambourin (ôtsuzumi), un joueur de gros tambour à battes (taiko). Sur le côté, un groupe de chanteurs assis, le ji-utai, joue le rôle de récitants impersonnels. Le ji-utai et l’orchestre, qui accompagne ce dernier par des cris rythmiques caractéristiques, constituent la bande sonore du spectacle.